DECEMBRE 1591.                                229
travailler à secourir la ville de Rouen, assiégée par le roy de Navarre.
Le méme jour on reçut les nouvelles suivantes du siége de ladite ville : le roy de Navarre arriva hier treizième novembre à son camp. Le premier décembre, il a écrit à nos eschevins en ces termes : « Nos amez et « feaux, encore que vous ayez connoître par le « succès de mes affaires ma bonne et sainte inten-« tion à l'endroit de mes sujets, que je desire favo-« rablement traiter comme un bon pere fait ses enfans ; « ce neantmoins- persuadés par le roy d'Espagne (qui « me veut priver de ma légitime. succession ) que je « veux abolir la religion catholique, apostolique et ro-«. maine, vous continuez tousjours en votre rebellion, « encore que j'aye fait paroître du contraire ès villes « qui se sont soumises à mon obéissance, où ladite « religion catholique, apostolique et romaine y est en­ce tretenuë de point en point, et mes bons et loyaux a sujets catholiques paisiblement maintenus en l'exer-« cice d'icelle : de quoi je vous ai bien voulu avertir a par ces présentes, afin que secouant le joug des Es-« pagnols, qui vous rendront à jamais misérables, vous « reconnoissiez votre roy légitime, et lui rendiez l'o­ce béissance que lui rendent les autres villes catholiques, « qui ont pour le moins autant de zéle que vous à la « religion catholique. Autrement, si vous me contrai-« gnez de tenter la force et me servir des moyens que « Dieu m'a mis en main, il ne sera pas en ma puis-« sance d'empêcher que la ville ne soit pillée et sacca-« gée. Le secours du duc de Parme que vous attendez « ne vous servira de guères : car il ne pourra passer « jusques à vous sans une bataille, laquelle devant que
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